Alors là, c'est un sujet pour moi, vu que mon bac est lui aussi particulièrement envahi de filamenteuse et que j'ai passé des mois à échafauder des plans de plus en plus rigolos
pour les faire régresser.
D'abord, on est d'accord, d'après les photos, c'est de la filamenteuse spirogyra.
Ce qu'on peut dire d'emblée, c'est qu'avec une infestation qui s'étale sur la durée, le problème sera extrêmement ennuyeux à résoudre, puisque cette algue à croissance ultra rapide produit tout un arsenal de toxines et autres inhibiteurs de croissance contre les autres végétaux. Quand on a une invasion de filamenteuse, on ne s'en rend pas nécessairement compte, mais on assiste très vite à une guerre chimique totale.
Et plus l'invasion se prolonge, plus l'eau est saturée de substances rendant laborieux tout retournement de situation en faveur des autres espèces végétales.
Les plantes et autres algues à croissante lente n'ont quasiment aucune chance d'enrayer le processus invasif, surtout si les conditions d'apparition (exposition lumineuse trop forte/longue, phosphates/nitrates, etc., tout a été écrit ici par les autres) ne sont pas corrigées.
C'est pas que je ramène tout à moi, mais mon bac est prédestiné à subir de très puissantes invasions filamenteuses : à cause de l'exposition à la lumière solaire, même indirecte.
Du coup, j'ai déjà essayé quelques expériences sur des contenants différents et suis en mesure de rapporter ce qui marche à coup sûr de ce qui n'a pas encore marché.
Ce qui marche à tous les coups :
- le black out, on s'en sera douté, est radical : avec ses variantes plus ou moins efficaces selon le degré d'application des mesures préconisées (tapis de flottantes type petites lentilles, réduction drastique de l'intensité/durée d'éclairage...).
- mon problème venant de la luminosité, je n'ai pas senti le besoin de toucher aux paramètres de l'eau. De toute façon, en poubellariophile intégriste, j'ai décidé de ne jamais me servir du moindre instrument de mesure de ph, de minéraux, etc. Je n'ai même pas encore acheté de thermomètre aquatique.
En revanche, j'ai poussé loin la recherche vis à vis de l'introduction de bébètes.
Et question bestioles, y'a des trucs qui marchent. Du tonnerre de Dieu, même.
- l'introduction de têtards : franchement radical, c'est de la folie. Pas besoin d'en mettre beaucoup en plus. Problème : selon les espèces, c'est illégal (toutes les autochtones en fait), et cela ne marche qu'une partie de l'année, puisque les têtards deviennent progressivement carnivores et finissent par se barrer de toute manière, une fois métamorphosés en princes charmants.
Mais j'insiste tout de même sur ce point : quelles que soient vos conditions de bac mer**ques à souhait, même avec de la lumière solaire en permanence, vous n'aurez très vite (une semaine maxi) plus un flocon de filamenteuse avec seulement une petite dizaine de têtards dans un 200l. Avec des têtards d'espèces exotiques cela doit fonctionner aussi (sauf certaines espèces tout de suite carnivores) ; après, selon moi, on ne devrait jamais introduire une espèce pour le seul objectif utilitaire à court terme, mais plutôt prévoir la conservation et l'intégration de l'espèce en question, au regard de son projet de bac.
C'est aussi pour cela que je ne parle pas des poiscailles, que ce soit les tanks lourds (carpes) ou les pitis trucs (vairons, bouvières, etc.) qui pourraient peut-être ajouter une aide ponctuelle.
Ce type de solution, un peu comme la guerre chimique commerciale à outrance (que je n'évoquerai même pas, par idéologie et pure réprobation), permet à tout le monde de continuer comme si de rien n'était, en oubliant les causes sans ressentir les symptômes.
L'irresponsabilité dans toute sa splendeur. Assumée.
- l'introduction de végétaux type contre-mesure (ça fait sérieux, comme un débriefing militaire) : pas n'importe quel végétal, pour les raisons exposées précédemment, rapport à la guerre chimique livrée par les filamenteuses.
Pas de secret ni de miracle : de la pousse ultra-rapide, et des capacités de résistance avec leurs propres batteries de lutte chimique. J'ai nommé la cerato et le myriophylle. Eh oui. C'est pas compliqué, la cerato, qui a déjà été indiquée comme adjuvant de poids dans la lutte contre la filamenteuse, est réellement une tueuse de filamenteuse. Bien plus que le myriophylle qui, plongé dans un bac infecté, se contentera de continuer à croître et survivre.
Après, il faut que le bac soit de petite contenance et baigne dans une quantité ahurissante de cerato, façon bain de pied pour mycose (cette analogie, je n'espérais plus la placer, je dois avouer). Certains objecteront que le résultat est le même quel que soit le végétal à pousse rapide. Eh ben non. Dans un bac vraiment infesté (croyez-moi), l'algue peut prendre pied en moins de quelques heures sur n'importe quel végétal non équipé et l'étouffer-ronger en quelques jours, ne laissant qu'une tige principale en voie de pourrissement vert-brun, qui sert en outre littéralement de bouffe à filamenteuse ET de support de colonisation supplémentaire.
Donc, la cerato, ultra massivement, et pas seulement en surface, où elles ne serviront au mieux qu'à établir une zone d'exclusion limitée, sans pour autant garantir une victoire totale et encore moins rapide. Il n'est même pas impossible que la cerato puisse perdre la guerre chimique et régresser petit à petit.
Y'en a d'autres, des armes chimiques, y compris dans le registre éponges et bébètes à cils, mais franchement, vous avez le temps de mourir de vieux avant de récupérer ces trucs plutôt rares si vous ne les avez pas déjà, qui sont fragiles par ailleurs, et qui se révèleront moins efficaces encore que le myriophylle et carrément moins prolifique. Sans utilité. Simplement, vous pourrez observer ce que veut réellement dire ce type de guerre, quant toutes les zones sont colonisées excepté un no man's land autour des créatures résistantes. Plus besoin de lire de l'héroïc fantasy, la bataille du gouffre de Helm, c'est en direct.
Déjà tenté, avec des résultats... disons décevant.
- l'introduction de physes, planorbes, gammares, vers de toutes les couleurs... : OK, ces bestioles bouffent aussi de la filamenteuse. Dans certaines conditions, elles ne boufferont même plus que cela (pour la bonne raison qu'il n'y aura plus rien d'autre), ou recycleront la merdasse verte rejetée par les bouffeurs d'algue primaire. Mais baste, le fait qu'elles survivent dans un monde vert floconneux ne veut pas du tout dire qu'elles feront disparaître lesdits flocons. Leur population s'adaptera simplement et en tirera sa subsistance. Point barre.
Situation rigolote : les gammares. Les gammares sont rigolotes tout le temps, d'accord. Mais les voir se faire un nid grouillant DANS de la floconneuse et bouffer leur propre habitation sans faire pour autant baisser la quantité d'algue, c'est bizarre.
Et décevant donc.
Pas encore tenté, mais de mon humble avis, sans doute aussi efficaces que les têtards, en plus d'être légal :
- l'introduction de crevettes : réputées folles d'algues et autres films dégeu-beurk, je suis persuadé que ce sera mon St Graal de l'année prochaine. Je n'attends que le début du printemps pour commander des desmaresti auprès d'un type en toute légalité. Je vous tiendrai forcément au jus.
M'étant auto-proclamé expert en invasion de filamenteuse, je vous confesse de suite que j'ai encore des filamenteuses, malgré mes soi-disant trouvailles (qui ne sont en fait pas très originales).
Par pur entêtement anti-chimique de commerce, localiste (la cerato est elle-même une invasive amerloque, pour la plupart des spécimens trouvés in situ ou en boutique), légaliste (pour les têtards) et low (no) -techien (pour la durée d'exposition à la lumière du soleil).
Du coup, j'éprouve une certaine satisfaction à voir résister les myriophylles (la variété européenne, siouplé) et autres microbêtes en attendant l'arrivée potentiellement miraculeuse de mes crevettes. En attendant ? BAAARBAPAPAAA !