Je reviens d'un petit tour d'horizon plus axé juridique sur le type de protection de la faune régionale, s'agissant de la faisabilité d'un bac dit "régional".
En effet, autant j'étais dans l'erreur en sauvant quelques têtards de la dessiccation, autant je me suis quand même affolé à l'idée de ne point pouvoir prélever quelques larves de phrygane et autres petits mollusques pour essayer d'équilibrer le petit écosystème de mon bac.
Pour l'heure, le principal arsenal de protection de la faune aquatique régionale, si l'on peut parler ainsi, protège les batraciens et les reptiles. Cette protection est principalement concentrée dans
l'Arrêté du 19 novembre 2007 fixant les listes des amphibiens et des reptiles protégés sur l'ensemble du territoire et les modalités de leur protection (
texte complet ici).
Au niveau communautaire, on a également
la Directive Habitats-Faune-Flore, et au niveau international, on a
la Convention de Berne.
Je pense que l'un des apports de mon projet en terme de connaissances pour un néophyte (que je suis présentement) sera justement de présenter un projet garanti régional et légal, avec la production des sources administratives et réglementaires pour mettre les amateurs à l'aise.
Raison de plus pour que je me montre vraiment précautionneux, avant tout prélèvement, même apparemment anodin, afin d'éviter ma première grosse erreur de type "têtards".
Sorti de ces trois textes fondamentaux, cela ne veut pas dire que des spécimens (végétaux ou animaux) ne puissent pas par ailleurs être protégés et interdits de prélèvements par d'autres sources juridiques.
L'une de mes sources en la matière sera le site DORIS, qui présente la particularité de présenter quelques taxons et d'en indiquer systématiquement le niveau et le type de protection (
comme ici pour le crapaud vert, exemple typique d'animal menacé et rigoureusement protégé).
Il semble que rien n'interdise de "commettre" quelques prélèvements spécifiques d'insectes et de mollusques (je pense précisément aux larves de phryganes et aux planorbes) dans la mesure où ces prélèvements ne sont pas constitutifs d'une détérioration d'un milieu protégé lui-même. Ce qui serait le cas si on y allait avec une pelleteuse dans une réserve naturelle ou si le procédé de collecte menaçait d'une manière ou d'une autre d'autres espèces qui seraient quant à elles protégées.
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Dans mon cas, je vais donc donner les fiches lorsque cela sera possible des pensionnaires de mon bac, indiquer les raisons pour lesquelles sa présence me paraît utile pour le projet et l'équilibre de "l'écosystème" dudit bac, et fournir un lien vers un site sérieux et/ou officiel, lequel listera le niveau de protection de la bestiole ou plante en question. En l'absence de mention sur un site de type DORIS par exemple, on peut être raisonnablement certain que le prélèvement est autorisé.
Donc, s'agissant des hôtes :
- des larves de Trichoptères (ou de phryganes donc) :
autorisé.
Pour moi, il s'agit d'avoir quatre ou cinq larves à terme, qui sauront manger tant des détritus que des bouts de plantes (elles me l'ont déjà prouvé

) et qui se comporteront comme des brouteurs et des nettoyeurs, un peu comme des planorbes, mais complémentaires par rapport à leur rendement vitesse-quantité d'ingestion/nombre de spécimens. Intérêt visuel également, ainsi que de possibles observations sur les interactions avec d'autres spécimens. Je ne prendrai que des larves phytophages et détritivores, sans tisseuses, pour la paix des ménages.
- des larves d'
Ephemeroptera (ou d'éphémères) :
autorisé à une seule exception mais pas la moindre ( le spécimen
Palingenia longicauda ).
Problème : comment à notre niveau de connaissance (très bas donc), déterminer si cette bestiole n'est pas une
Palingenia longicauda ? On chipote ? Peut-être, mais sinon, ce n'est pas intéressant. Dans le doute, je me recommande de ne pas prélever ce type de bestiole en général. La chose n'est pas si difficile. Ces larves sont extrêmement véloces. Elles déparent vite dans un récipient et ne se font pas prier pour s'échapper si on leur en laisse la moindre occasion. On peut sans difficulté relâcher ces larves sans abandonner le reste du prélèvement en laissant l'ouverture du récipient affleurer avec l'eau.
De toute manière, sauf à réellement vouloir jouer à l'observateur maniaque, une fois dans un bac régional, vous ne les verrez plus. Entre les fouisseuses et les autres, qui se cachent en permanence, elles sont quasi invisibles. De plus, elles se feront très vite dévorer par n'importe quel poisson, fut-il juvénile, si elles passent à proximité où si les cachettes ne sont pas du genre sanctuaire. Elles ont un rôle potentiel de détritivores et de phytophages, pour l'essentiel, rôle tenu haut la main par d'autres taxons moins délicats et/ou non interdits.
Enfin, sauf prouesse de votre part, vous ne verrez jamais le cycle intégral se dérouler chez vous, l'éphémère adulte nécessitant des congénères dès sa sortie de l'eau pour finir la boucle reproductive, qu'il ne remplira de toute façon probablement pas dans votre bac.
Si je cite la bestiole, c'est que dans les prélèvements de vase, vous pouvez facilement récupérer ces taxons sans le vouloir et qu'il s'en est trouvé quelques unités dans mon récipient, que je n'avais pas relâchées sur le moment.
- des planorbes (de type
Planorbarius corneus) :
autorisé. LE compagnon de maintenance par excellence du bac. Il ira jusqu'à toiletter respectueusement une plante, sans jamais s'attaquer à des parties saines. Il s'occupe aussi des détritus. S'il se multiplie trop, il sera temps d'envisager un prédateur-régulateur, mais cela n'est pas pour de suite, je pense.
- des mini-bestioles : autorisé

, la totale quoi, infusoires,
cladocères,
daphnies, cyclops, etc.
Bref, que des trucs que l'on peut obtenir rapidement en prélevant de la vase sur n'importe quel fossé temporairement inondé, voire directement produire en faisant éclore des kystes fixés sur des herbes coupées plongées dans de l'eau. Reproduction facile, toujours garder un "bouillon" de ces trucs-là.
Ils serviront sur la durée de nourriture vivante pour les grosses bestioles de type écailles, mais aussi de filtres naturels de l'eau et de nettoyeurs invisibles.
Ils jouent enfin un rôle dans la régulation du phyto et du zooplancton, qui sont eux-mêmes indispensables à des trucs aussi fondamentaux pour l'équilibre du bac que le cycle de l'azote.
- S'agissant des poissons donc, mes derniers hôtes du bac, ils sont toujours pour l'heure en voie d'identification. J'avais zappé l'hypothèse gambusie, complètement.
Après quelques sueurs froides à l'idée d'avoir récupéré du black bass, je pense pouvoir l'éliminer ; je pense plutôt confirmer l'hypothèse
vairon.
A cause de son caractère grégaire, de la tête à museau arrondi en fait, du fait que je les ai vu gober indifféremment quelques brins d'algue filamenteuse, des cyclops et des cladocères. Cela me conviendrait en outre parfaitement, vu son niveau de protection (à peu près nul, malgré son placement sur la liste rouge de l'UICN) et son caractère régional.
Son rôle dans un bac comme le mien tient bien sûr à son l'observation, mais il servirait aussi de maillon ultime de la chaine alimentaire. Il serait omnivore mais suffisamment petit et peu nombreux (6) pour ne pas menacer l'équilibre du milieu.
Le conditionnel, c'est parce qu'en fin de compte, c'est peut-être autre chose qu'un vairon. Des fois que.
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Voilà l'état actuel du projet.
Je suis toujours à la recherche du végétal de remplacement si je dois me défaire de la callitriche. La remplaçante serait donc une plante régionale, à pousse rapide, pouvant servir d'abri à des mini-bêtes, de préférence immergée... le St Graal quoi.